observation solide ; aucune connoissance du monde. Qu’apprend-on dans la petite sphere de deux ou trois Amans ou amis toujours occupés d’eux seuls ?
R. On apprend à aimer l’humanité. Dans les grandes sociétés on n’apprend qu’à haïr les hommes.
Votre jugement est sévere ; celui du Public doit l’être encore plus. Sans le taxer d’injustice, je veux vous dire à mon tour de quel œil je vois ces lettres ; moins pour excuser les défauts que vous y blâmez, que pour en trouver la source.
Dans la retraite on a d’autres manieres de voir & de sentir que dans le commerce du monde ; les passions autrement modifiées ont aussi d’autres expressions : l’imagination toujours frappée des mêmes objets, s’en affecte plus vivement. Ce petit nombre d’images revient toujours, se mêle à toutes les idées, & leur donne ce tour bizarre & peu varié qu’on remarque dans les discours des Solitaires. S’ensuit-il de-là que leur langage soit fort énergique ? Point du tout ; il n’est qu’extraordinaire. Ce n’est que dans le monde qu’on apprend à parler avec énergie. Premierement, parce qu’il faut toujours dire autrement & mieux que les