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Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t3.djvu/458

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pour l’en tirer & j’y consacre le reste de ma vie ; ce n’est plus de le convaincre, mais de le toucher ; c’est de lui montrer un exemple qui l’entraîne & de lui rendre la religion si aimable qu’il ne puisse lui résister. Ah ! mon ami, quel argument contre l’incrédule que la vie du vrai chrétien ! Croyez-vous qu’il y ait quelque ame à l’épreuve de celui-là ? Voilà désormois la tâche que je m’impose ; aidez-moi tous à la remplir. Wolmar est froid, mais il n’est pas insensible. Quel tableau nous pouvons offrir à son cœur, quand ses amis, ses enfans, sa femme, concourront tous à l’instruire en l’édifiant ! quand, sans lui prêcher Dieu dans leurs discours, ils le lui montreront dans les actions qu’il inspire, dans les vertus dont il est l’auteur, dans le charme qu’on trouve à lui plaire ! quand il verra briller l’image du Ciel dans sa maison ! quand cent fois le jour il sera forcé de se dire : Non, l’homme n’est pas ainsi par lui-même, quelque chose de plus qu’humain regne ici !

Si cette entreprise est de votre goût, si vous vous sentez digne d’y concourir, venez ; passons nos jours ensemble & ne nous quittons plus qu’à la mort. Si le projet vous déplaît ou vous épouvante, écoutez votre conscience, elle vous dicte votre devoir. Je n’ai rien de plus à vous dire.

Selon ce que Milord Edouard nous marque, je vous attends tous deux vers la fin du mois prochain. Vous ne reconnaîtrez pas votre appartement ; mais dans les changemens qu’on y a faits, vous reconnaîtrez les soins, & le cœur d’une bonne amie qui s’est fait un plaisir de l’orner. Vous y trouverez aussi un petit assortiment de livres qu’elle a choisis à Geneve, meilleurs & de meilleur goût que l’Adone, quoiqu’il y soit aussi