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Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t4.djvu/207

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Peu ou point de coëffure en toute saison, Les anciens Égyptiens avoient toujours la tête nue ; les Perses la couvroient de grosses tiares, & la couvrent encore de gros turbans, dont, selon Chardin, l’air du pays leur rend l’usage nécessaire. J’ai remarqué dans un autre endroit [1] la distinction que fit Hérodote sur un champ de bataille entre les crânes des Perses & ceux des Égyptiens. Comme donc il importe que les os de la tête deviennent plus durs, plus compacts, moins fragiles & moins poreux, pour mieux armer le cerveau non-seulement contre les blessures, mais contre les rhumes, les fluxions, & toutes les impressions de l’air, accoutumez vos enfans à demeurer été & hiver, jour & nuit toujours tête nue. Que si pour la propreté & pour tenir leurs cheveux en ordre, vous leur voulez donner une coëffure durant la nuit, que ce soit un bonnet mince à claire voie, & semblable au rezeau dans lequel les Basques enveloppent leurs cheveux. Je sais bien que la plupart des meres, plus frappées de l’observation de Chardin que de mes raisons, croiront trouver par-tout l’air de Perse ; mais moi je n’ai pas choisi mon Éleve Européen pour en faire un Asiatique.

En général, on habille trop les enfans & sur-tout durant le premier âge. Il faudroit plutôt les endurcir au froid qu’au chaud ; le grand froid ne les incommode jamais quand on les y laisse exposés de bonne heure : mais le

  1. (18) Lettre à M. d’Alembert sur les Spectacles. Page 109, premiere Édition.