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Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t4.djvu/393

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l’usage des passions. 1o. Sentir les vrais rapports de l’homme tant dans l’espece que dans l’individu. 2o. Ordonner toutes les affections de l’ame selon ces rapports.

Mais l’homme est-il maître d’ordonner ses affections selon tels ou tels rapports ? sans doute, s’il est maître de diriger son imagination sur tel ou tel objet, ou de lui donner telle ou telle habitude. D’ailleurs il s’agit moins ici de ce qu’un homme peut faire sur lui-même, que de ce que nous pouvons faire sur notre Éleve, par le choix des circonstances où nous le plaçons. Exposer les moyens propres à le maintenir dans l’ordre de la nature, c’est dire assez comment il en peut sortir.

Tant que sa sensibilité reste bornée à son individu, il n’y a rien de moral dans ses actions ; ce n’est que quand elle commence à s’étendre hors de lui, qu’il prend d’abord les sentimens, ensuite les notions du bien & du mal, qui le constituent véritablement homme & partie intégrante de son espece. C’est donc à ce premier point qu’il faut d’abord fixer nos observations.

Elles sont difficiles, en ce que pour les faire, il faut rejetter les exemples qui sont sous nos yeux, & chercher ceux où les développemens successifs se font selon l’ordre de la Nature.

Un enfant façonné, poli, civilisé, qui n’attend que la puissance de mettre en œuvre les instructions prématurées qu’il a reçues, ne se trompe jamais sur le moment où cette puissance lui survient. Loin de l’attendre, il l’accélere ; il donne à son sang une fermentation précoce ; il sait quel doit être