Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t4.djvu/449

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des embûches à sa simplicité. Que faut-il donc faire pour éviter à la fois ces deux inconvénients ? Ce qu’il y a de meilleur & de plus naturel : être simple & vrai comme lui ; l’avertir des périls auxquels il s’expose ; les lui montrer clairement, sensiblement, mais sans exagération, sans humeur, sans pédantesque étalage, surtout sans lui donner vos avis pour des ordres, jusqu’à ce qu’ils le soient devenus, & que ce ton impérieux soit absolument nécessaire. S’obstine après cela, comme il fera très souvent ? alors ne lui dites plus rien ; laissez-le en liberté, suivez-le, imitez-le, & cela gaiement, franchement ; livrez-vous, amusez-vous autant que lui, s’il est possible. Si les conséquences deviennent trop fortes, vous êtes toujours là pour les arrêter ; & cependant combien le jeune homme, témoin de votre prévoyance & de votre complaisance, ne doit-il pas être à la fois frappé de l’une & touché de l’autre ! Toutes ses fautes sont autant de liens, qu’il vous fournit pour le retenir au besoin. Or, ce qui fait ici le plus grand art du maître, c’est d’amener les occasions & de diriger les exhortations de manière qu’il sache d’avance quand le jeune homme cédera, et quand il s’obstinera, afin de l’environner partout des leçons de l’expérience, sans jamais. l’exposer à de trop grands dangers.

Avertissez-le de ses fautes avant qu’il y tombe : quand il y est tombé, ne les lui reprochez point ; vous ne feriez qu’en & mutiner son amour-propre. Une leçon qui révolte ne profite pas. je ne connois rien de plus inepte que ce mot : Je vous l’avois bien dit. Le meilleur moyen de faire qu’il se souvienne de ce qu’on lui a dit est de