Aller au contenu

Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t5.djvu/207

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cevoir ; nous ne savons jusqu’où ces liaisons peuvent s’étendre ; la seule chose que nous savons avec certitude, est que tout ce qu’ils ont de commun est de l’espece ; & que tout ce qu’ils ont de différent, est du sexe ; sous ce double point de vue, nous trouvons entre eux tant de rapports & tant d’oppositions, que c’est peut-être une des merveilles de la nature d’avoir pu faire deux êtres si semblables en les constituant si différemment.

Ces rapports & ces différences doivent influer sur le moral ; cette conséquence est sensible, conforme à l’expérience, & montre la vanité des disputes sur la préférence ou l’égalité des sexes ; comme si chacun des deux allant aux fins de la nature, selon sa destination particuliere, n’étoit pas plus parfait en cela que s’il ressembloit davantage à l’autre ? En ce qu’ils ont de commun, ils sont égaux ; en ce qu’ils ont de différent, ils ne sont pas comparables. Une femme parfaite & un homme parfait, ne doivent pas plus se ressembler d’esprit que de visage, & la perfection n’est pas susceptible de plus & de moins.

Dans l’union des sexes chacun concourt également à l’objet commun, mais non pas de la même maniere. De cette diversité naît la premiere différence assignable entre les rapports moraux de l’un & de l’autre. L’un doit être actif & fort, l’autre passif & foible : il faut nécessairement que l’un veuille & puisse, il suffit que l’autre résiste peu.

Ce principe établi, il s’ensuit que la femme est faite spécialement pour plaire à l’homme : si l’homme doit lui plaire à son tour, c’est d’une nécessité moins directe : son