Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t5.djvu/495

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crimes qu’il faut abandonner aux remords des coupables ; c’est presque les autoriser que les punir. Un mari cruel mérite-t-il une femme fidelle ? D’ailleurs, de quel droit la punir, à quel titre ? Es-tu son juge, n’étant même plus son époux ? Lorsqu’elle à violé ses devoirs de femme, elle ne s’en est point conservé les droits. Dès l’instant qu’elle à formé d’autres nœuds elle à brisé les tiens & ne s’en il point cachée ; elle ne s’est point parée à tes yeux d’une fidélité qu’elle n’avoit plus ; elle ne t’a ni trahi, ni menti ; en cessant d’être a : toi seul elle à déclaré ne t’être plus rien : quelle autorité peut te rester sur elle ? S’il t’en redoit tu devrois l’abdiquer pour ton propre avantage. Crois-moi, sois bon par sagesse & clément par vengeance. Défie-toi de la colere ; crains qu’elle ne te ramené à ses pieds..

Ainsi tenté par l’amour qui me rappelloit ou par le dépit qui vouloit me séduire, que j’eus de combats à rendre avant d’être bien déterminé ; & quand je crus l’être, une réflexion nouvelle ébranla tout. L’.idée de mon fils m’attendrit pour sa mere plus que rien n’avoit sait auparavant. Je sentis que ce point de réunion l’empêcheroit toujours de m’etre étrangere, que les enfans forment un nœud vraiment indissoluble entre ceux qui leur ont donné l’être,. & une raison naturelle & invincible contre le divorce.. Des objets si chers, dont aucun des deux ne peut s’éloigner, les rapprochent nécessairement ; c’est un intérêt commun si tendre qu’il leur tiendroit lieu de société, quand ils n’en auroient point d’autre. Mais que devenoit cette raison, qui plaidoit pour la mere de mon sils, appliquée à celle d’un enfant qui n’étoit pas à moi ? Quoi !