Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/114

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que nous. Cette seconde partie écrite avec toute la modestie, avec tout le respect convenables, est la seule qui ait attiré votre attention & celle des Magistrats. Vous n’avez eu que des buchers & des injures pour réfuter mes raisonnements. Vous avez vu le mal dans le doute de ce qui est douteux ; vous n’avez point vu le bien dans la preuve de ce qui est vrai.

En effet, cette premiere partie, qui contient ce qui est vraiment essentiel à la Religion, est décisive & dogmatique. L’Auteur ne balance pas, n’hésite pas. Sa conscience & sa raison le déterminent d’une maniere invincible. Il croit, il affirme, il est fortement persuadé.

Il commence l’autre, au contraire, par déclarer que l’examen qui lui reste a faire est bien différent ; qu’il n’y voit qu’embarras, mystere, obscurité ; qu’il n’y porte qu’incertitude & défiance ; qu’il n’y faut donner à ses Discours que l’autorité de la raison ; qu’il ignore lui-même s’il est dans l’erreur, & que toutes ses affirmations ne sont ici, que des raisons de douter.*

[*Emile, Tome II. p.70 in-4̊., T. III. p. 107. in-8̊, & in-12̊] Il propose donc ses objections, ses difficultés, ses doutes. Il propose aussi ses grandes & fortes raisons de croire ; & de toute cette discussion résulte la certitude des dogmes essentiels, & un scepticisme respectueux sur les autres. À la fin de cette seconde partie, il insiste de nouveau sur la circonspection nécessaire en l’écoutant. Si j’étois plus sûr de moi, j’aurois, dit-il, pris un ton dogmatique & décisif ; mais je suis homme, ignorant, sujet à l’erreur : que pouvois-je faire ? Je vous ai ouvert mon cœur sans réserve ; ce que je tiens pour sûr, je vous l’ai donné pour tel : je vous ai