Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/167

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Campagne paroît convenir de ce principe. *

[* À cet égard, dit-il, pag. 22. je retrouve assez mes maximes dans celles des représentations ; & p. 29. il regarde comme incontestable que personne ne peut être poursuivi pour ses idées sur la Religion.] Peut-être même en accordant que la Politique & la Philosophie pourront soutenir la liberté de tout écrire, le pousseroit-il trop loin. *

[* Page 30] Ce n’est pas ce que je veux examiner ici.

Mais voici comment vos Messieurs & lui tournent la chose pour autoriser le jugement rendu contre mes Livres & contre moi. Ils me jugent moins comme Chrétien que comme Citoyen ; ils me regardent moins comme impie envers Dieu, que comme rebelle aux Loix ; ils voient moins en moi le péché que le crime, & l’hérésie que la désobéissance. J’ai, selon eux, attaqué la Religion de l’Etat ; j’ai donc encouru la peine portée par la Loi contre ceux qui l’attaquent. Voilà, je crois, le sens de ce qu’ils ont dit d’intelligible pour justifier leur procédé.

Je ne vois à cela que trois petites difficultés. La premiere, de savoir quelle est cette Religion de l’Etat ; la seconde, de montrer comment je l’ai attaquée ; la troisième, de trouver cette Loi selon laquelle j’ai été jugé.

Qu’est-ce que la Religion de l’Etat ? C’est la sainte Réformation évangélique. Voilà, sans contredit, des mots bien sonnans. Mais qu’est-ce, à Geneve aujourd’hui, que la sainte Réformation évangélique ? Le sauriez-vous, Monsieur, par hasard ? En ce cas je vous en félicite. Quant à moi, je l’ignore. j’avois cru le savoir ci-devant ; mais je me trompois ainsi que