Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/179

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Voilà comment parle & pense cet homme vénérable, vraiment bon, sage, vraiment Chrétien, & le Catholique le plus sincere qui peut-être ait jamais existé.

Ecoutez toutefois ce que dit ce vertueux Prêtre à mi jeune homme Protestant qui s’étoit fait Catholique, & auquel il donne des conseils. "Retournez dans votre Patrie, reprenez la Religion de vos Peres, suivez-la dans la sincérité de votre cœur, & ne la quittez plus ; elle est très-simple & très-sainte ; je la crois, de toutes les Religions qui sont sur la terre, celle dont la morale est la plus pure & dont la raison se contente le mieux. "*

[* Ibid. pag. 195. ]

Il ajoute un moment après : "Quand vous voudrez écouter votre conscience, mille obstacles vains disparoîtront à sa voix. Vous sentirez que, dans l’incertitude où nous sommes, c’est une inexcusable présomption de professer une autre Religion que celle où l’on est né, & une fausseté de ne pas pratiquer sincérement celle qu’on professe. Si l’on s’égare, on s’ôte une grande excuse au Tribunal du Souverain Juge. Ne pardonnera-t-il pas plutôt l’erreur où l’on fut nourri que celle qu’on osa choisir soi-même ?"*

[* Ibid. pag. 196]

Quelques pages auparavant, il avoit dit : "si j’avois des Protestans à mon voisinage ou dans ma Paroisse, je ne les distinguerois pas de mes Paroissiens en ce qui tient à la charité Chrétienne ; je les porterois tous également à s’entre-aimer, à se regarder comme freres, à respecter