Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/181

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soumettre ma raison à la vôtre, & me donner votre autorité pour Loi, comme si vous prétendiez à l’infaillibilité du Pape ? N’est-il pas plaisant qu’il faille raisonner en Catholique, pour m’accuser d’attaquer les Protestans ?

Mais ces objections & ces doutes tombent sur tes points fondamentaux de la foi ; Sous l’apparence de ces doutes on a rassemblé tout ce qui petit tendre à saper, ébranler & détruire les principaux fondemens de la Religion Chrétienne ? Voilà qui change la these : & si cela est vrai, je puis être coupable ; mais aussi c’est un mensonge, & un mensonge bien impudent de la part de gens qui ne savent pas eux-mêmes en quoi consistent les principes fondamentaux de leur Christianisme. Pour moi, je sais très-bien en quoi consistent les principes fondamentaux du mien, & je l’ai dit. Presque toute la profession de foi de la Julie est affirmative ; toute la premiere partie de celle du Vicaire est affirmative, la moitié de la seconde partie est encore affirmative ; une partie du chapitre de la Religion civile est affirmative ; la Lettre à M. l’Archevêque de Paris est affirmative. Voilà, Messieurs, mes articles fondamentaux : voyons les vôtres.

Ils sont adroits, ces Messieurs ; ils établissent la méthode de discussion la plus nouvelle & la plus commode pour des persécuteurs. Ils laissent avec art tous les principes de la Doctrine incertains & vagues. Mais un Auteur a-t-il le malheur de leur déplaire, ils vont furetant dans ses Livres quelles peuvent être ses opinions. Quand ils croient les avoir bien constatées, ils prennent les contraires de ces mêmes opinions, & en font autant d’articles de foi. Ensuite ils crient à l’impie, au blasphême,