Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/184

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tout homme qui dogmatise, comprit qu’il faloit s’expliquer avec eux. Il commença par leur demander à qui ils en avoient avec tout ce vacarme ? Ceux-ci répondent fiérement qu’ils sont les Apôtres de la vérité, appellés à réformer l’Eglise, & à ramener les fideles de la voie de perdition où les conduisoient les Prêtres.

Mais, leur répliqua-t-on, qui vous a donné cette belle commission, de venir troubler la paix de l’Eglise & la tranquillité publique ? Notre conscience, dirent-ils, la raison, la lumiere intérieure, la voix de Dieu, à laquelle nous ne pouvons résister sans crime : c’est lui qui nous appelle à ce saint ministere, & nous suivons notre vocation.

Vous êtes donc Envoyés de Dieu ? reprirent les Catholiques. En ce cas, nous convenons que vous devez prêcher, réformer, instruire, & qu’on doit vous écouter. Mais, pour obtenir ce droit, commencez par nous montrer vos Lettres de créances. Prophétisez, guérissez, illuminez, faites des miracles, déployez les preuves de votre mission.

La réplique des Réformateurs est belle, & vaut bien la peine d’être transcrite.

"Oui, nous sommes les Envoyés de Dieu ; mais notre mission n’est point extraordinaire : elle est dans l’impulsion d’une conscience droite, dans les lumieres d’un entendement sain. Nous ne vous apportons point une Révélation nouvelle ; nous nous bornons à celle qui vous a été donnée, & que vous n’entendez plus. Nous venons à vous, non pas avec des prodiges, qui peu vent être trompeurs, & dont tant de fausses Doctrines se sont étayées,