Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/312

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Si l’on n’a pas le droit de mettre sur vous de nouveaux impôts, vous n’avez pas celui de rejeter les vieux. Les finances de l’Etat sont sur un tel pied, que sans votre concours, elles peuvent suffire à tout. On n’a donc jamais besoin de vous ménager dans cette vue, & vos droits à cet égard se réduisent à être exempts en partie & à n’être jamais nécessaires.

Les procédures qu’on doit suivre en vous jugeant, sont prescrites ; mais quand le Conseil veut ne les pas suivre, personne ne peut l’y contraindre, ni l’obliger à réparer les irrégularités qu’il commet. Là-dessus je suis qualifié pour faire preuve, & vous savez si je suis le seul.

En Conseil général votre Souveraine puissance est enchaînée : vous ne pouvez agir que quand il plaît à vos Magistrats, ni parler que quand ils vous interrogent. S’ils veulent même ne point assembler de Conseil général, votre autorité, votre existence est anéantie, sans que vous puissiez leur opposer que de vains murmures, qu’ils sont en possession de mépriser.

Enfin, si vous êtes Souverains Seigneurs dans l’assemblée, en sortant de-là vous n’êtes plus rien. Quatre heures par an Souverains subordonnés, vous êtes sujets le reste de la vie, & livrés sans réserve à la discrétion d’autrui.

Il vous est arrivé, Messieurs, ce qui arrive à tous les Gouvernemens semblables au vôtre. D’abord la puissance législative & la puissance exécutive qui constituent la Souveraineté, n’en sont pas distinctes. Le Peuple Souverain veut par lui-même, & par lui-même il fait ce qu’il veut. Bientôt