Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/364

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à les prendre, je crois qu’on vous les verroit prendre avec plaisir ; & je crois qu’on ne doit pas vous faire envisager comme une ressource ce qui ne peut que vous ôter toutes les autres. La justice & les Loix sont pour vous : ces appuis, je le sais, sont bien faibles contre le crédit & l’intrigue ; mais ils sont les seuls qui vous restent : tenez-vous-y jusqu’à la fin.

Eh ! comment approuverois-je qu’on voulût troubler la paix civile pour quelque intérêt que ce fût, moi qui lui sacrifiai le plus cher de tous les miens ? Vous le savez, Monsieur, j’étois désiré, sollicité ; je n’avois qu’à paroître ; mes droits étoient soutenus, peut-être mes affronts réparés. Ma présence eût du moins intrigué mes persécuteurs, & j’étois dans une de ces positions enviées, dont quiconque aime à faire un rôle se prévaut toujours avidement. J’ai préféré l’exil perpétuel de ma Patrie ; j’ai renoncé à tout, même à l’espérance, plutôt que d’exposer la tranquillité publique : j’ai mérité d’être cru sincère, lorsque je parle en sa faveur.

Mais pourquoi supprimer des assemblées paisibles & purement civiles, qui ne pouvoient avoir qu’un objet légitime, puisqu’elles restoient toujours dans la subordination due au Magistrat ? Pourquoi, laissant à la Bourgeoisie le droit de faire des Représentations, ne les lui pas laisser faire avec l’ordre & l’authenticité convenables ? Pourquoi lui ôter les moyens d’en délibérer entre elle, &, pour éviter des assemblées trop nombreuses, au moins par ses Députés ? Peut-on rien imaginer de mieux réglé, de plus décent, de plus convenable, que les assemblées par compagnies, & la forme de