Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/512

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continuellement occupes, & en état de supporter cette petite dépense ; supposons encore qu’ils prennent du.goût pour ce même Spectacle, & cherchons ce qui doit résulter l’on établissement.

Je vois d’abord que, leurs travaux celant d’être leurs amusemens, aussi-tôt qu’ils en auront un autre, celui-ci les dégoûtera des premiers ; le zele ne fournira plus tant de loisir, ni les mêmes inventions. D’ailleurs, il y aura chaque jour un tems réel de perdu pour ceux qui assisteront au Spectacle ; & son ne se remet pas à l’ouvrage, l’esprit rempli de ce qu’on vient de voir : on en parle, ou l’on y longe. Par conséquent ; relâchement de travail : premier préjudice.

Quelque peu qu’on paye à la porte, on paye enfin ; c’est toujours une dépense qu’on ne faisoit pas. Il en coûte pour soi, pour sa femme, pour ses enfans, quand on les y mene, & il les y faut mener quelquefois. De plus, un Ouvrier ne va point dans une assemblée se montrer en habit de travail : il faut prendre plus souvent les habits des Dimanches, changer de linge plus souvent, se poudrer, se raser ; tout cela coûte du tems & de l’argent. Augmentation de dépense : deuxieme préjudice.

Un travail moins assidu & une dépense plus forte exigent un dédommagement. On le trouvera sur le prix des ouvrages qu’on sera force de renchérir. Plusieurs marchands, rebutes de cette, augmentation, quitteront les Montagnons, *

[* C’est le nom qu’on donne dans le pays aux habitans de cette montagne.] &