Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/561

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être fort sévèrement exclus de ces sociétés, s’y mêlent assez rarement ; & je penserois plus mal encore de ceux qu’on y voit toujours que de ceux qu’on n’y voit jamais.

Tels sont les amusemens journaliers de la bourgeoisie de Geneve. Sans être dépourvus de plaisir & de gaîté, ces amusemens ont quelque chose de simple & d’innocent qui convient à des mœurs républicaines ; mais, des l’instant qu’il y aura Comédie, adieu les cercles, adieu les sociétés ! Voilà la révolution que j’ai prédite, tout cela tombe nécessairement ; & si vous m’objectez l’exemple de Londres cite par moi-même, o les Spectacles établis n’empechoient point les coteries, je répondrai qu’il y a, par rapport à nous, une différence extrême : c’est qu’un Théâtre, qui n’est qu’un point dans cette Ville immense, sera dans la nôtre un grand objet qui absorbera tout.

Si vous me demandez ensuite où est le mal que les cercles soient abolis…. Non, Monsieur, cette question ne viendra pas d’un Philosophe. C’est un discours de femme ou de jeune-homme qui traitera nos cercles de corps-de-garde, & croira sentir l’odeur du tabac. Il faut pourtant répondre : car pour cette fois, quoique je m’adresse à vous, j’écris pour le Peuple & sans doute il y paroit ; mais vous m’y avez force.

Je dis premiérement que, si c’est une mauvaise chose que l’odeur du tabac, c’en est : une fort bonne de rester maître de son bien, & d’être sur de coucher chez foi. Mais j’oublie déjà que je n’écris pas pour des d’Alembert. II faut m’expliquer d’une autre maniere.