Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/158

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qu’il s’agit de l’inspirer, & non de l’enseigner ; d’en faire aimer la pratique, & non d’en démontrer la Théorie. Que de choses n’aurois-je point à répondre ? mais il ne faut pas faire au Lecteur l’injure de lui tout dire. Je me contenterai de ces deux remarques. La premiere, que celui qui veut élever un enfant, ne commence pas par lui dire qu’il faut pratiquer la vertu ; car il n’en seroit pas entendu ; mais il lui enseigne premièrement à être vrai, & puis à être tempérant, & puis courageux, etc & enfin il lui apprend que la collection de toutes ces choses s’appelle vertu. La seconde, que c’est nous qui nous content de démontrer la Théorie ; mais les Perses enseignoient la pratique.Voyez mon discours, page 53.

Tous les reproches qu’on fait à la Philosophe attaquent l’esprit humain. J’en conviens. Ou plutôt l’auteur de la nature, qui nous a fait tels que nous sommes. S’il nous a fait Philosophes, à quoi bon nous donner tant de peine pour le devenir ? Les Philosophes etoient des hommes ; ils se sont trompes ; doit-on s’en étonner ? C’est quand ils ne fe tromperont plus qu’il faudra s’en étonner. Plaignons-les, profitons de leurs fautes, & corrigeons-nous. Oui, corrigeons-nous, & ne philosophons plus.... Mille toutes conduisent à l’erreur, une seule mene à la vérité ? Voilà précisément ce que je disois. Faut-il être surpris qu’on se soit mépris si souvent sur celle-ci, & qu’elle ait été découverte si tard ? Ah ! nous l’avons donc trouvée à la fin !

On nous oppose un jugement de Socrate, qui porta, non sur les Savans, mais sur les Sophistes, non sur les sciences, mais sur l’abus qu’on en peut faire. Que peut demander de