Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/327

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& paſſager d’un vieillard ; qu’il n’avoit qu’à tendre les bras à la fortune & courir au-devant d’elle, que les doutes convenoient à Verginius ſimple Chevalier Romain, fils d’un pere inconnu, & qui, trop au-deſſous du rang ſuprême pouvoit le refuſer sans riſque. Mais quant à lui dont le Pere avoit eu trois Conſulats, la Cenſure, & Céſar pour collegue, que plus il avoit de titres pour aſpirer à l’Empire, plus il lui étoit dangereux de vivre en homme privé. Ces diſcours agitant Vitellius, portoient dans ſon eſprit indolent plus de déſirs que d’eſpoir.

Cependant Cecina, grand, jeune, d’une belle figure, d’une démarche impoſante, ambitieux, parlant bien, flattoit & gagnoit les ſoldats de l’Allemagne ſupérieure. Queſteur en Bétique, il avoir pris des premiers le parti de Galba qui lui donna le commandement d’une Légion ; mais ayant reconnu qu’il détournoit les deniers publics, il le fit accuſer de péculat ; ce que Cecina ſupportant impatiemment, il s’efforça de tout brouiller & d’enſevelir ſes fautes ſous les ruines de la République. Il y avoit déjà dans l’armée aſſez de penchant à la révolte ; car elle avoit de concert pris parti contre Vindex, & ce ne fut qu’après la mort de Néron qu’elle ſe déclara pour Galba, en quoi même elle ſe laiſſa prévenir par les cohortes de la Germanie inférieure. De plus, les peuples de Treves, de Langres & de toutes les Villes dont Galba avoir diminué le territoire & qu’il avoit maltraitées par de rigoureux Edits, mêlés dans les quartiers des Légions les excitoient par des discours ſéditieux, & les ſoldats corrompus par les habitans