Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/337

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furent tués par l’ordre de Vitellius comme coupables de fidélité, crime irrémiſſible chez des rebelles. Valerius Aſiaticus Commandant de la Belgique, & dont peu après Vitellius épouſa la fille, ſe joignit à lui. Julius Blæſus Gouverneur du Lyonnois en fit de même avec les troupes qui venoient à Lyon ; ſavoir, la Légion d’Italie & l’Eſcadron de Turin : celles de la Rhétique ne tarderent point à ſuivre cet exemple.

Il n’y eut pas plus d’incertitude en Angleterre. Trébellius Maximus qui y commandoit s’étoit fait haïr & mépriſer de l’armée par ſes vices & son avarice ; haine que fomentoit Roſcius Cælius Commandant de la vingtieme Légion brouillé depuis long-tems avec lui, mais à l’occaſion des guerres civiles devenu ſon ennemi déclaré. Trébellius traitoit Cælius de ſéditieux, de perturbateur de la diſcipline ; Cælius l’accuſoit à ſon tour de piller & ruiner les Légions. Tandis que les Généraux ſe déſhonoroient par ces opprobres mutuels, les Troupes perdant tout reſpect en vinrent à tel excès de licence que les cohortes & la cavalerie ſe joignirent à Cælius, & que Trébellius abandonné de tous & chargé d’injures, fut contraint de se réfugier auprès de Vitellius. Cependant, ſans chef conſulaire, la Province ne laiſſa pas de rester tranquille, gouvernée par les Commandans des Légions, que le droit rendoit tous égaux, mais que l’audace de Cælius tenoit en reſpect.

Après l’acceſſion de l’armée Britannique, Vitellius, bien pourvu d’armes & d’argent, réſolut de faire marcher ſes troupes par deux chemins & ſous deux Généraux. Il chargea Fabius