Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/375

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ſaiſi davantage, tremperont leurs mains dans le ſang de leurs officiers ? Lorſqu’ils oſeront forcer l’appartement de leur Empereur ?

Vous agiſſiez pour moi, j’en conviens ; mais combien l’affluence dans les ténebres & la confuſion de toutes choſes fourniſſoient-elles une occaſion facile de s’en prévaloir contre moi-même ! S’il étoit au pouvoir de Vitellius & de ſes ſatellites de diriger nos inclinations & nos eſprits, que voudroient-ils de plus que de nous inſpirer la diſcorde & la ſédition, qu’exciter à la révolte le ſoldat contre le Centurion, le Centurion contre le Tribun, &, gens de cheval & de pied, nous entraîner ainſi tous pêle-mêle à notre perte ? Compagnons, c’eſt en exécutant les ordres des chefs & non en les contrôlant qu’on fait heureuſement la guerre, & les troupes les plus terribles dans la mêlée ſont les plus tranquilles hors du combat. Les armes & la valeur ſont votre partage ; laiſſez-moi le ſoin de les diriger. Que deux coupables ſeulement expient le crime d’un petit nombre : que les autres s’efforcent d’enſevelir dans un éternel oubli la honte de cette nuit, & que de pareils diſcours contre le Sénat ne s’entendent jamais dans aucune armée. Non, les Germains mêmes, que Vitellius s’efforce d’exciter contre nous, n’oſeroient menacer ce corps reſpectable, le chef & l’ornement de l’Empire. Quels ſeroient donc les vrais enfans de Rome ou de, l’Italie qui voudroient le ſang & la mort des membres de cet Ordre, dont la ſplendeur & la gloire montrent