Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/506

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la pouſſiere ſéminale dès l’inſtant que la corelles ouvre aux anthères ; cependant la fécondation ne peut commencer avant que les anthères ſoient ouvertes. De même l’œuvre de la fécondation s’acheve ſouvent avant que la corolle ſe flétriſſe & tombe : or juſqu’à cette chûte on peut dire que la Fleur exiſte encore. Il faut donc donner néceſſairement un peu d’extenſion au mot durant pour pouvoir dire que la Fleur & l’œuvre de la fécondation commencent & finiſſent enſemble.

Comme généralement la Fleur ſe fait remarquer par ſa corolle, partie bien plus apparente que les autres par la vivacité de ſes couleurs, c’eſt dans cette corolle aussi qu’on fait machinalement conſiſter l’eſſence de la Fleur, & les Botaniſtes eux-mêmes ne ſont pas toujours exempts de cette petite illuſion ; car ſouvent ils emploient le mot de Fleur pour celui de corolle, mais ces petites impropriétés d’inadvertance importent peu, quand elles ne changent rien aux idées qu’on a des choſes quand on y penſe. De-là ces mots de Fleurs monopétales, polypétales, de Fleurs labiées, perſonnées, de Fleurs régulieres, irrégulieres, &c. qu’on trouve fréquemment dans les livres même d’inſtitutions. Cette petite impropriété étoit non-ſeulement pardonnable, mais presque forcée à Tournefort & à ſes contemporains, qui n’avoient pas encore le mot de corolle, & l’uſage s’en eſt conservé depuis eux par l’habitude ſans grand inconvénient. Mais il ne ſeroit pas permis à moi qui remarque cette incorrection, de l’imiter ici ; ainsi je renvoie au mot Corolle à parler de ſes formes diverſes & de ſes diviſions[1].

  1. Cet article Corolle, auquel l’Auteur renvoie ici, ne s’eſt point trouve fait.