Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/65

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et tâcheront de s’en rendre dignes par des ouvrages utiles & des mœurs irréprochables. Celles de ces Compagnies qui pour les prix dont elles honorent le mérite littéraire feront un choix de sujets propres à ranimer l’amour de la vertu dans les cœurs des Citoyens, montreront que cet amour règne parmi elles, et donneront aux Peuples ce plaisir si rare & si doux de voir des sociétés savantes se dévouer à verser sur le Genre-humain, non seulement des lumières agréables, mais aussi des Instructions salutaires.

Qu’on ne m’oppose donc point une objection qui n’est pour moi qu’une nouvelle preuve. Tant de soins ne montrent que trop la nécessité de les prendre, & l’on ne cherche point des remèdes à des maux qui n’existent pas. Pourquoi faut-il que ceux-ci portent encore par leur insuffisance le caractère des remèdes ordinaires ? Tant d’établissemens faits à l’avantage des savans n’en sont que plus capables d’en imposer sur les objets des sciences, & de tourner les esprits à leur culture. Il semble, aux précautions qu’on prend, qu’on ait trop de Laboureurs & qu’on craigne de manquer de Philosophes. Je ne veux point hasarder ici une comparaison de l’agriculture & de la Philosophie ; on ne la supporteroit pas. Je demanderai seulement : Qu’est-ce que la Philosophie ? que contiennent les écrits des Philosophes les plus connus ? quelles sont les Leçons de ces amis de la sagesse ? À les entendre, ne les prendroit-on pas pour une troupe de charlatans criant chacun de son côté sur une place publique ; Venez à moi, c’est moi seul qui ne trompe point ? L’un prétend qu’il n’y a point de corps, & que tout est en représentation. L’autre, qu’il n’y a d’autre substance