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Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t8.djvu/253

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terme… ta raison t’abandonne ainsi que ton génie… Ne la regrette point, ô Pygmalion ! sa perte couvrira ton opprobre…

Vive indignation.

Il est trop heureux pour l’amant d’une pierre de devenir un homme à visions.

Il se retourne, & voit la statue se mouvoir & descendre elle-même les gradins par lesquels il a monté sur le pied-d’estal. Il se jette à genoux & leve les mains & les yeux au Ciel.

Dieu immortels ! Vénus ! Galathée ! Ô prestige d’un amour forcené.

Galathée se touche & dit.

Moi.

Pygmalion transporté.

Moi !

Galathée se touchant encore.

C’est moi.

Pygmalion.

Ravissante illusion qui passes jusqu’à mes oreilles, ah ! n’abandonne jamais mes sens.

Galathée, fait quelques pas & touche un marbre.

Ce n’est plus moi.

Pygmalion dans une agitation, dans des transports qu’il a peine à contenir, suit tous ses mouvemens, l’écoute, l’observe avec une avide attention qui lui permet à peine de respirer.