Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t8.djvu/491

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quelques-uns m’accusent, a ce qu’un dit, d’avoir manque de respect a la Musique Françoise dans ma premiere édition, le respect beaucoup plus grand & l’estime que je dois a la Nation, m’empêchent de rien changer, a cet égard, dans celle-ci.

Une chose presque incroyable, si elle regardoit tout autre que moi, c’est qu’on ose m’accuser d’avoir parle de la langue avec mépris, dans un Ouvrage ou il n’en peut être question que par rapport a la Musique. Je n’ai pas change la dessus un seul mot dans cette édition ; ainsi, en la parcouront de sens-froid, le Lecteur pourra voir si cette accusation est juste. Il est vrai que, quoique nous ayons eu d’excellens Poetes & même quelques Musiciens qui n’etoient pas sans génie, je crois notre langue peu propre à la Poésie, & point du tout a la Musique. Je ne crains pas de m’en rapporter sur point aux Poetes mêmes ; car, quant aux Musiciens, chacun sait qu’on petit se dispenser de les consulter sur toute affaire de raisonnement. En revanche, la langue Françoise me paroit celle des Philosophes & des Sages :*

[*C’est le sentiment de l’Auteur de la Lettre sur les Sourds & les Muets, sentiment qu’il soutient très-bien dans l’addition a cet Ouvrage, & qu’il prouve encore mieux par tous ses Ecrits.] elle semble faite pour être l’organe delà vérité & de la raison : malheur a quiconque offense l’une ou l’autre dans des Ecrits qui la déshonorent. Quant a moi, le plus digne hommage