Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t8.djvu/87

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Angelique.

Valere, ecoutez. J’ai pitié de l’etat ou je vous vois. Vous devez convenir que vous êtes le plus injuste des hommes, de vous emporter sur une apparence d’infidélité dont vous m’avez vous-même donne l’exemple ; mais ma bonté veut bien encore aujourd’hui passer par-dessus vos travers.

Valere.

Vous verrez qu’on me fera la grace de me pardonner !

Angelique.

En vérité, vous ne le méritez gueres. Je vais cependant vous apprendre à quel prix je puis m’y résoudre. Vous m’avez ci-devant témoigné des sentimens que j’ai payes d’un retour trop tendre pour un ingrat. Malgré cela, vous m’avez indignement outragée par un amour extravagant conçu sur un simple portrait avec toute la légèreté, & j’ose dire, toute l’étourderie de votre âge & de votre caractere, il n’est pas tems d’examiner si j’ai du vous imiter, & ce n’est pas a vous qui êtes coupable qu’il conviendroit de blâmer ma conduite.

Valere.

Ce n’est pas à moi, grands dieux ! Mais voyons ou ces beaux discours.

Angelique.

Le voici. Je vous ai dit que je connoissois l’objet de votre nouvel amour, & cela est vrai. J’ai ajoute que je l’aimois tendrement, & cela n’est encore que trop vrai. En vous avouant