Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/249

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identité entre les propriétés de la quantité abstraite & les sensations de l’ouïe. Mais après avoir bien épuisé des analogies, après bien des métamorphoses de ces diverses proportions les unes dans les autres, après bien des opérations & d’inutiles calculs, il finit par établir, sur de légeres convenances, la Dissonance qu’il s’est tant donne de peine à chercher. Ainsi, parce que dans l’ordre des Sons harmoniques la proportion arithmétique lui donne, par les longueurs des cordes, une Tierce mineure au grave, (remarquez qu’elle la donne à l’aigu par le calcul des vibrations) il ajoute au grave de la sous-Dominante une nouvelle Tierce mineure. La proportion harmonique lui donne une Tierce mineure à l’aigu, (elle la donneroit au grave par les vibrations) & il ajoute à l’aigu de la Dominante une nouvelle Tierce mineure. Ces Tierces ainsi ajoutées ne sont point, il est vrai, de proportions avec les rapports précédens ; les rapports mêmes qu’ elles devroient avoir se trouvent altérés ; mais n’importe : M. Rameau fait tout valoir pour le mieux ; la proportion lui sert pour introduire la Dissonance, & le défaut de proportion pour la faire sentir.

L’illustre Géometre qui a daigné interpréter au Public le Systême de M. Rameau, ayant supprimé tous ces vains calculs, je suivrai son exemple, ou plutôt je transcrirai ce qu’il dit de la Dissonance, & M. Rameau me devra des remercîmens d’avoir tiré cette explication, des Elémens de Musique, plutôt que de ses propres écrits.

Supposant qu’on connoisse les cordes essentielles du Ton selon le Systême de M. Rameau ; savoir, dans le Ton d’ut,