Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/489

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les signes, on a multiplié les difficultés, & à forcé d’additions & de chevilles, on a tiré d’un principe assez simple un systême fort embrouillé & fort mal assorti.

On peut en réduire les défauts à trois principaux. Le premier est dans la multitude des signes & de leurs combinaisons, qui surchargent tellement l’esprit & la mémoire des commençans, que l’oreille est formée, & les organes ont acquis l’habitude & la facilité nécessaires, long-tems avant qu’on soit en état de chanter à Livré ouvert ; d’où il suit que la difficulté est toute dans l’attention aux regles & nullement dans l’exécution du Chant. Le second est le peu d’évidence dans l’espece des Intervalles, majeurs, mineurs, diminués, superflus, tous indistinctement confondus dans les mêmes positions : défaut d’une telle influence, que non-seulement il est la principale cause de la lenteur du progrès des Ecoliers ; mais encore qu’il n’est aucun Musicien formé, qui n’en soit incommodé dans l’exécution. Le troisieme est l’extrême diffusion des caracteres & le trop grand volume qu’ils occupent ; ce qui, joint à ces Lignes, à ces Portées si incommodes à tracer, devient une source d’embarras de plus d’une espece. Si le premier avantage des signes d’institution est d’être clairs, le second est d’être concis, quel jugement doit-on porter d’un ordre de signes à qui l’un & l’autre manquent ?

Les Musiciens, il est vrai, ne voient point tout cela. L’usage habitue à tout. La Musique pour eux n’est pas la science des Sons ; c’est celle des Noires, des Blanches, des Croches, &c. Dès que ces figures cesseroient de frapper