Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/529

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Aujourd’hui ce mot s’applique plus particuliérement à la Musique, & s’entend, tantôt du lieu où se tiennent ceux qui jouent des Instrumens, comme l’Orchestre de l’Opéra, tantôt du lieu où se tiennent tous les Musiciens en général, comme l’Orchestre du Concert Spirituel au Château des Tuileries, & tantôt de la collection de tous les Symphonistes : c’est dans ce dernier sens que l’on dit de l’exécution de Musique que l’Orchestre étoit bon ou mauvais, pour dire que les Instrumens étoient ou mal joués.

Dans les Musiques nombreuses en Symphonistes, telles que celle d’un Opéra, c’est un soin qui n’est pas à négliger que la bonne distribution de l’Orchestre. On doit en grande partie à ce soin l’effet étonnant de la Symphonie dans les Opéra d’Italie. On porte la premiere attention sur la fabrique même de l’Orchestre ; c’est-à-dire, de l’enceinte qui le contient. On lui donne les proportions convenables pour que les Symphonistes y soient le plus rassemblés & le mieux distribués qu’il est possible. On a soin d’en faire la caisse d’un bois léger & résonnant comme le sapin, de l’établir sur un vide avec des arcs-boutans, d’en écarter les Spectateurs par un rateau placé dans le parterre a un pied ou deux de distance. De sorte que le corps même de l’Orchestre portant pour ainsi dire, en l’air, & ne touchant presque à rien, vibre & résonne sans obstacle, & forme comme un grand Instrument qui répond à tous les autres & en augmente l’effet.

À l’égard de la distribution intérieur, on a soin : 1º. que le nombre de chaque espece d’Instrument se proportionne à l’effet qu’ils doivent produise tous ensemble ; que, par exemple,