Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/740

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si la Partition est bien faite, & d’ailleurs ces Tierces, par leur situation, sont moins employées que les premieres, & ne doivent l’être que par choix.

Les Organistes & les Facteurs regardent ce Tempérament comme le plus parfait que l’on puisse employer. En effet, les Tons naturels jouissent par cette méthode de toute la pureté de l’Harmonie, & les Tons transposés, qui forment des modulations moins fréquentes, offrent de grandes ressources au Musicien quand il a besoin d’expressions plus marquées : car il est bon d’observer, dit M. Rameau, que nous recevons des impressions différentes des Intervalles à proportion de leurs différentes altérations. Par exemple, la Tierce majeure, qui nous excite naturellement à la joie, nous imprime jusqu’à des idées de fureur quand elle est trop forte ; & la Tierce mineure, qui nous porte à la tendresse & à la douceur, nous attriste lorsqu’elle est trop foible.

Les habiles Musiciens, continue le même Auteur, savent profiter à propos de ces différens effets des Intervalles, & sont valoir, par l’expression qu’ils en tirent, l’altération qu’on y pourroit condamner.

Mais, dans si Génération harmonique, le même M. Rameau tient un tout autre langage. Il se reproche sa condescendance pour l’usage actuel, & détruisant tout ce qu’il avoit établi auparavant, il donne une formule d’onze moyennes proportionnelles entre les deux termes de l’Octave, sur laquelle formule, il veut qu’on regle toute la succession du Systême chromatique ; de sorte que ce Systême résultant de douze semi-Tons parfaitement égaux, c’est une nécessité