Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/746

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les Tems de chaque Mesure parfaitement égaux entr’eux. Or, pour rendre sensible cette égalité, on frappe chaque Mesure & l’on marque chaque Tems par un mouvement de la main ou du pied,& sur ces mouvemens on regle exactement les différentes valeurs des Notes, selon le caractere de la Mesure. C’est une chose étonnante de voir avec quelle précision l’on vient à bout, à l’aide d’un peu d’habitude, de marquer & de suivre tous les Tems avec une si parfaite égalité, qu’il n’y a point de pendule qui surpasse en justesse la main ou le pied d’un bon Musicien, & qu’enfin le sentiment seul de cette égalité suffit pour le guider & supplée à tout mouvement sensible ; en sorte que dans un Concert chacun suit la même Mesure avec la derniere précision, sans qu’un autre la marque & sans la marquer soi-même.

Des divers Tems d’une Mesure, il y en a de plus sensibles, de plus marqués que d’autres, quoique de valeurs égales. Le Tems qui marque davantage s’appelle Tems fort ; celui qui marque moins s’appelle Tems foible : c’est ce que M. Rameau, dans son Traité d’Harmonie, appelle Tems bon & Tems mauvais. Les Tems forts sont, le premier dans la Mesure à deux Tems ; le premier & le troisieme dans les Mesures à trois & quatre. À l’égard du second Tems, il est toujours foible dans toutes les Mesures, & il en est de même du quatrieme dans la Mesure à quatre Tems.

Si l’on subdivise chaque Tems en deux autres parties égales, qu’on peut encore appeller Tems ou demi-Tems, on aura derechef Tems fort pour la premiere moitié, Tems foible pour la seconde, & il n’y a point de partie d’un Tems