Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/770

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À l’égard des Dissonances, comme on ne les doit jamais doubler, & que leur Accord est composé de plus de trois Sons ; c’est encore une plus grande nécessité de les diversifier, & de bien choisir, outre la Dissonance, les Sons qui doivent, par préférence, l’accompagner.

De-là, ces diverses regles, de ne passer aucun Accord sans y faire entendre la Tierce ou la Sixte, par conséquent d’éviter de frapper à la fois la Quinte & l’Octave, ou la Quarte & la Quinte ; de ne pratiquer l’Octave qu’avec beaucoup de précaution, & de n’en jamais sonner deux de suite, même entre différentes Parties ; d’éviter la Quarte autant qu’il se peut : car toutes les Parties d’un Trio, prises deux à deux, doivent former des Duo parfaits. De-là, en un mot, toutes ces petites regles de détail qu’on pratique même sans les avoir apprises, quand on en fait bien le Principe.

Comme toutes ces regles sont incompatibles avec l’unité de Mélodie, & qu’on n’entendit jamais Trio régulier & harmonieux avoir un Chant déterminé & sensible dans l’exécution, il s’ensuit que le Trio rigoureux est un mauvais genre de Musique. Aussi ces regles si séveres sont-elles depuis long tems abolies en Italie, où l’on ne reconnoit jamais pour bonne une Musique qui ne chante point, quelque harmonieuse d’ailleurs qu’elle puisse être, & quelque peine qu’elle ait coûtée à composer.

On doit se rappeller ici ce que j’ai dit au mot Duo. Ces termes Duo & Trio s’entendent seulement des Parties principales & obligées, & l’on n’y comprend ni les Accompagnemens