Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/84

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Tout l’art de ces sortes de Drames consiste à présenter sous des images sensibles des rapports purement intellectuels, & à faire penser au Spectateur toute autre chose que ce qu’il voit, comme si, loin de l’attacher à la Scene c’étoit un mérite de l’en éloigner. Ce genre exige, d’ailleurs, tant de subtilité dans le Dialogue, que le Musicien se trouvé dans un Pays perdu parmi les pointes, les allusions, & les épigrammes, tandis que le Spectateur ne s’oublie pas un moment : comme qu’on fasse, il n’y aura jamais que le sentiment qui puisse amener sur la Scene & l’identifier, pour ainsi dire, avec les Acteurs ; tout ce qui n’est qu’intellectuel l’arrache à la Piece, & le rend à lui-même. Aussi, voit-on que les Peuples qui veulent & mettent le plus d’esprit au Théâtre sont ceux qui se soucient le moins de l’illusion. Que sera donc le Musicien sur des Drames qui ne donnent aucune prise à son Art ? Si la Musique ne peint que des sentimens ou des images, comment rendra-t-elle des idées purement métaphysiques, telles que les allégories, où l’esprit est sans cessé occupé du rapport des objets qu’on lui présente avec ceux qu’on veut lui rappeller ?

Quand les Compositeurs voudront réfléchir sur les vrais principes de leur Art, ils mettront avec plus de discernement dans le choix des Drames dont ils se chargent, plus de vérité dans l’expression de leurs sujets ; & quand les paroles des Opéra diront quelque chose, la Musique apprendra bientôt à parler.

BARBARE, adj. Mode Barbare. (Voyez LYDIEN.)

BARCAROLLES, s. f. Sorte de Chansons en Langue