Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/459

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l’hôte de ma chambre, il m’est impossible de faire aucune liaison, ni de connoître le terrain, le moins du monde à Montpellier, jusqu’à ce qu’on m’ait procuré quelque arme pour forcer les barricades, que l’humeur inaccessible des particuliers & de toute la nation en général, met à l’entrée de leurs maisons. Oh qu’on a une idée bien fausse du caractere Languedocien, & sur-tout des habitans de Montpellier à l’égard de l’étranger ! mais pour revenir, les recommandations dont j’aurois besoin sont de toutes les especes. Premiérement, pour la noblesse & les gens en place. Il me seroit très-avantageux d’être présenté à quelqu’un de cette classe, pour tâcher à me faire connoître & à faire quelque usage de peu de talens que j’ai, ou du moins à me donner quelque ouverture, qui pût m’être utile, dans la suite en tems & lieu. En second lieu pour les commerçans, afin de trouver quelque voie de communication plus courte & plus facile, & pour mille autres avantages que vous savez que l’on tire de ces connoissances-là. Troisiémement, parmi les gens de Lettres, savans, professeurs, par les lumieres qu’on petit acquérir avec eux & les progrès qu’on y pourroit faire ; enfin généralement pour toutes les personnes de mérite avec lesquelles on peut du moins lier une honnête société, apprendre quelque chose, & couler quelques heures prises sur la plus rude & la plus ennuyeuse solitude du monde. J’ai l’honneur de vous écrire cela, Madame, & non M. l’abbé Arnauld, parce qu’ayant la lettre, vous verrez mieux ce qu’il y aura à répondre, & que si vous voulez bien vous donner cette peine vous-même, cela sera encore un meilleur effet en ma faveur.