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LIVRE QUATRIÈME 287

l'autre convient à celles où suffisent le bon sens, la justice, l'intégrité, telles que les charges de judica- ture, parce que, dans un Etat bien constitué, ces qualités sont communes à tous les citoyens (*).

Le sort ni les suffrages n'ont aucun lieu dans le gouvernement monarchique. Le monarque étant de droit seul prince et magistrat unique, le choix de ses lieutenants n'appartient qu'à lui. Quand l'abbé de Saint-Pierre proposait de multiplier les conseils du roi de France, et d'en élire les membres par scru- tin ( 2 ), il ne voyait pas qu'il proposait de changer la forme du gouvernement.

Il me resterait à parler de la manière de donner et de recueillir les voix dans rassemblée du peuple ; mais peut-être l'historique de la police ( 3 ) romaine à cet égard expliquera-t-il plus sensiblement toutes les maximes que je pourrais établir. Il n'est pas indigne d'un lecteur judicieux de voir un peu en détail comment se traitaient les affaires publiques et particulières dans un conseil de deux cent mille hommes.

��(») Non parce que les hommes de bon sens jouissent seuls du droit de citoyen, mais au contraire parce que, dans un Etat bien constitué, « tout étant égal aussi bien par les mœurs » que par les talents, tous les citoyens se trouvent posséder « le bon sens, la justice, l'intégrité ». Rousseau attribue à l'organisation sociale le pouvoir de faire naître les vertus individuelles.

(*) C'est l'objet principal du Discours sur la Polysy- nodie, publié en 1:72s, qui lit exclure l'abbé de Saint-Pierre de l'Académie française.

( 3 j Ce mot signifie ici : organisation civile.

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