Page:Rousseau - Du Contrat social éd. Beaulavon 1903.djvu/88

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j8 INTRODUCTION

sément et plus immédiatement que la philosophie du xvm e siècle : mais l'influence de Rousseau y est pour- tant sensible dans la forme (1) et dans le fond. En tout cas, lors de la revision de la Constitution entière avant le vote définitif, l'Assemblée tint à y introduire, le 10 août 1791, cette formule qui, par la lettre et par l'esprit, procède immédiatement du Contrat social (2): « La souveraineté est une, indivisible, inaliénable et imprescriptible; elle appartient à la nation; aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s'en attri- buer l'exercice (3) ».

Si l'influence de Rousseau est déjà manifeste dans l'œuvre de la Constituante, elle devient naturellement beaucoup plus grande avec l'établissement de la Répu- blique et du suffrage universel. Dès la fin de 1792, il est sans cesse question des doctrines du Contrat social, implicitement ou explicitement, à la Convention, aux Jacobins, dans la presse ou les brochures : non seule- ment on emprunte à Rousseau les principes généraux dont on se réclame, mais déjà quelques-unes des théories de politique pratique qu'il avait esquissées dans les derniers livres du Contrat paraissent réalisables et sont défendues avec plus ou moins de succès.

Dans le procès du roi, c'est sur les principes du Contrat que se livra la décisive bataille, et, cela est très remarquable, ils y furent défendus par les Giron- dins, combattus au contraire par Robespierre, Danton, Marat et toute la Montagne. C'est en effet au nom du caractère inaliénable et indivisible de la souveraineté nationale (C s., II, 1 et 11), que les Girondins préten-

(1) Le mot « imprescriptible » ne se trouvait pas dans les Déclarations américaines.

(2) Liv. II, ch. I, II, III.

(3) Titre III, art. 1, de la Constitution de 1791. Cette for- mule a été textuellement reproduite, sauf le dernier membre de phrase, dans la Déclaration de 1793, dont elle forme l'ar- ticle XXV.

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