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INTRODUCTION 79

dirent obliger la Convention à soumettre son verdict à la ratification du peuple tout entier. Vergniaud soutint que le principe même de la souveraineté populaire exigeait que, pour un tel cas, les assemblées primaires fussent juges en dernier ressort, comme pour la ratifi- cation d'une constitution. Et ce furent Robespierre et Marat qui combattirent la théorie du gouvernement direct du peuple par le peuple lui-même et affirmèrent que les représentants avaient le droit de remplir, au nom du peuple, la mission dont le peuple les avait chargés ( 1 ). Il est évident d'ailleurs que, dans toute cette discussion fameuse, les principes de Rousseau furent surtout des prétextes et des armes, et qu'en réalité ce sont des passions, des intérêts, des raisons d'opportunité et de patriotisme qui déterminèrent sur- tout la conviction de l'assemblée.

Mais, lorsque la Convention entreprit de rédiger une constitution républicaine, les idées du Contrat social se présentèrent à tous les esprits et contribuèrent, au moins autant que les circonstances et les intérêts ( 2 ), à donner à la constitution de 1793 ce caractère hardi- ment démocratique, qui en fait une exception unique parmi toutes les constitutions françaises. — Déjà, au moment de l'élection des députés à la Convention, beaucoup de sociétés avaient réclamé l'application des principes démocratiques du Contrat social. Tout le monde se trouva d'accord ( 3 ) implicitement pour accepter le système des représentants , que Rousseau

(*) Lire le récit détaillé de ces séances, décembre 1792 et janvier 1793, dans Louis Blanc, Hist. de ta Révol. fr., VIII, ix. {-) L'idée de désarmer la Gironde en satisfaisant les pro- vinces a vraisemblablement beaucoup contribué d'ailleurs à faire adopter le système de la consultation directe des assem- blées primaires. Cf. Aulard, Hist. pol. de la Rév. (r., II e part., ch. IV.

- ( 3 ) On ne signale en 1792 qu'une unique protestation, tout-à- fait insignifiante. (Aulard, ouvr. cit. 7 note de la page 257).

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