Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/105

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48 DU CONTRAT SOCIAL. cullere s’acc0rde sur quelque point avec la volonté générale, il est impossible au moins que cet accord soit durable et constant;car la volonté particuliere tend, par sa nature, aux préférences, et la volonté générale a l’égalité. Il est plus impossible encore qu’on ait un garant de cet accord, quand meme il devrait toujours exister; ce ne serait pas un elfet de l’art, mais du hasard. Le souverain peut bien dire : tt Je veux actuellement ce que veut un tel homme, ou du moins ce qu’il dit vouloir; » mais il ne peut pas dire : << Ce que cet homme voudra demain, je le voudrai encore; » puisqu’il est absurde que la volonté se donne des chaines pour l’avenir, et puisqu’il ne dépend d’aucune volonté de consentir it rien de contraire au bien de l’etre qui veut. Si donc le peuple promet simplement d’obéir, il se dissout par cet acte, il perd sa qualité de peuple; e l’instant qu’il y a un maitre, il n’y a plus de souverain, et aes lors le corps politique est détruit Ce n’est pointédire que les ordres des chefs ne puissent passer pour des volontés générales, taut que le souverain, libre de s’y opposer, ne le fait pas. En pareil cas, du silence universel on doit présumer le consentement du peuple. Ceci s’expliquera plus au long volontés aux siennes et qu’ils ne forceront point les particuliers d`obéir cn son nom it des ordres qu’il n’a ni donné, ni voulu donner, — crime de lese-majesté dont PCI] dc gOUVCI‘I`lCI`I'lCI`lIS SOIII CXCIDPIS. (1) Gnortus, Du Droit de la Guerre et de la Paix, liv. II, ch. 1v. - Par les prineipes que nous avons établis, il parait en quel sens on peut 1-ecevoir ce que disent quelques-uns, qu’il est toujours permis aux suiets, quand ils en trouvent le moyen, de se remettre cn possession de leur liberté, c’est·i1-dire de la liberté qui convient it un peuple. Car, dit-on, ou l’autorité souve- 1-aine a été acquise par la force, et en ce cas-la elle peut se perdre par la méme voie, ou elle a été déférée volontairement, et en ce cas-le on peut se repentir et changer de volonté. Mais quoiqu’une souveraineté ait été origi- nairemeut acquise par la force, elle peut devenir légitime par une volonté tacite qui en assure la iouissance au possesseur. Et la volonté du peuple peut étre telle ou dans le temps qu’il établit la souveraineté, ou depuis qu’elle confere un droit qui ne dépend plus désormais de sa v0lonté.. (2) Franchise de l’évéque Adémar Fabri, art. 78 de la Charte de 1387 (traduction francaise de Michel Montyon, citoyen de Geneve, faite en 1455); publiéc par Ed. Mallet, Geneve, imprimerie Ramboz, 1843. - Que lcs sin- l