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Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/128

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I ’ LIVRE- II. I- CHAP. VII. 7l I Il faudrait des dieux pour donner des lois aux hommes. Le méme raisonnement que faisait Caligula quant au I fait, Platon le faisait quant au droit pour définir l’homme civil ou royal qu’il cherche dans son livre du Régue. Mais s’il est vrai qu’un grand prince est un homme rare, que [ sera-ce d’un grand législateuri Le premier n’a qu’a suivtje I le modéle que l’autre doit proposer. Celui-ci est le mécani— I cien qui invente la machine, celui-la n’est que l’ouvrier qui la monte et la fait marcher. ct Dans la naissance des sociétés, dit Montesquieu, ce sont les chefs des républiques qui font l’institution, et c’est ensuite l’institution qui forme les chefs des républiques (1). » Celui qui ose entreprendre d’instituer un peuple doit se I sentir en état de changer pour ainsi dire la nature humaine, de transformer chaque individu, qui par lui-meme est un I tout parfait et solitaire, en partie d’un plus grand tout dont cet individu recoive en quelque sorte sa vie et son étre; . d’altérer la constitution de l’homme pour la renforcer; de substituer une existence partielle et morale a l’existence physique et indépendante que nous avons tous regue de la nature (2). Il faut, en un mot, qu’il ote a l’homme ses forces propres pour lui en donner qui lui soient étrangé1‘es,et dont IDCIIRDI Ia iL1SIiCC 80-dCSSL1S de {Out POI]? PIIIIPOYIHIICC et Ia IéCCSSité, soumis en tout it ses, lois, et, s’appliquant a la faire prévaloir, entreprendraient la réforme de l’Etat... (1) Voix; Grandeur et décadence des Romains, chap. 1. (2) R. Emile,liv.I.— L’homme naturel est tout pour lui; il est l’unité numérique, Pentier absolu, qui n’a de rapport qu’a lui-meme ou a son sem- blable. L’homme civil n’est qu’une unité fractionnaire qui tient au déno- IDiD8I¢�I', et dont la V8l¢�I' CSI (13118 SOD I‘8ppOl'I BVCC PCHIICI', est le COl'pS social. Les bonnes institutions sociales sont celles qui savent le mieux dénaturer l’homme, lui 6ter son existence absolue pour lui en donner une l'Cl3IiVC, et Il'8l’1SpO!'t¢l' le m0i d8IlS lillflllé COHIIDUDBQ CH SOHC qJC CIIBQIIC particulier ne se croie plus un,mais partie de l’unité, et ne soit plus sensible que dans le tout. Un citoyen de Rome n’était ni Caius ni Lucius; c’était un Romain; méme il aimait la patrie exclusivement a lui. Régulus se préten- dait Carthaginois, comme étant devenu le bien de ses maltres. En sa qualité d’étranger, il refusait de siéger au sénat de Rome, il fallut qu’un Carthaginois le lui ordonnat. ll s’indignait qu’on voulut lui sauver la vie.