Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/134

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LIVRE II. — CHAP. VIII. yy CHAPITRE VIII DU PEUPLE Comme, avant d’élever un grand édiiice, l’architecte observe et sonde le sol pour voir s’il en peut soutenir le poids, le sage instituteur ne commence pas par rédiger de bonnes lois en elles-mémes, mais il examine auparavant si le peuple auquel il les destine est propre a les supporter. C’est pour cela que Platon refusa dc donner des lois aux AI`C8diCI`lS CI 3.LlX CyI‘éI'!lCl’1S, S8Ci'l3.l’lIZ ql.1C CCS (ICLIX pCl1pl€S étaient riches et ne pouvaient soulfrir l’égalité : c‘est pour cela qu’on vit en Crete de bonnes lois et de méchants hommes, parce que Minos n’avait discipliné qu’un peuple chargé de vices. Mille nations ont brillé sur la terre, qui n`auraient jamais pu souffrir de bonnes lois; et celles méme qui l’auraient pu progrés rendirent entin 1'état de nature insupportable,furentl’efiet de l'égalité qui régnait naturellement entre les hommes. La société civile en fut le reméde, mais cette égalité, source du mal, n’en permit le reméde qu’en consequence de la volonté et du consentement libre de chaque particu- lier dont la parole fut le seul garant de Vengagement qu’ils contractaient, faible garant dont on tachait par consequent d’augmenter la sureté en tant qu’il était possible dans les circonstances d’une égalité générale et parfaite et dans ces circonstances rien ne pouvait en augmenter la force que la religion. On introduisit donc le serment comme la sureté des conventions humaines et le serment est une espéce d’appel fait A Dieu, dont la provi- dence veille sur les actions des hommes,qui approuve et recompense le bien et qui condamne et punit le mal.Choses qui supposent l’existence d’un Dieu, sa providence et une ditférence essentielle entre le bien et le mal antérieure 2-1 tous les décrets humains. Bossusr, Politique tirée de I`li`criture sainte, liv. V, art. 4. Des lois. I*• Proposition. - it Il faut joindre des lois au gouvernement pour le mettre dans sa perfection. » II• Proposition.- Toutes ces lois sont fondées sur la premiere de toutes les lois qui est celle de la nature, c'est-a-dire sur la droite raison et sur Péquité naturelle. Les lois doivent régler les choses divines et humaines, publiques et particulieresn. Il faut donc avant toutes choses régler le culte de Dieu, ensuite viennent les préceptes qui regardent la société... Tel est l’ordre général de toute légis- lation.