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Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/145

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88 DU CONTRAT SOCIAL. . p3.L1VI‘€ pOLlI‘ étI'€ COi'1tl`3i¤t de SC vendre (G)! CC qui SuppOS€, du coté des grands, moderation de biens et de crédit, et, du coté des petits, modération d’avarice et de convoitise (1). Cette égalité, disent-ils, est une chimere de spéculation qui ne peut exister dans la pratique (2). Mais si l’abus est iné- (a) Voulez·vousdonc dormer A l’Etat de la consistance,rapprochez les degrés extremes autant qu’il est possible; ne souffrez ni des gens opulents ni des gueux. Ces deux états, naturellement inséparables, sont également funestes au bien commun; de l‘un sortent les fauteurs de,la tyrannie, et de l'autre les tyrans : c’est touiours entre eux que sc fait le trafic de Ia liberté publique; l’un l`achete, et l’autre la vend. (Note du Contrat social, édition de 1762.) (i) R. g• Lettre de Ia Montagne. — Dans la plupart des Etats, les trou- bles internes viennerit d‘une populace abrutie et stupide, échauffée d'abord par d’insupportables vexations, puis ameutée en secret par des brouillons adroits, revetus de quelque autorité qu’ils veulent étendre... Est·ce dans ces deux extremes, l’un fait pour acheter, 1‘autre pour se vendre, qu’on doit chercher l’amour de la justice et des lois? C‘est par eux toujours que l’Etat dégénere : le riche tient la loi dans sa bourse, et le pauvre aime mieux du pain que la liberté. ll sufiit de comparer ces deux partis pour juger lequel doit porter aux lois la premiere atteinte. Amsrorz, Politique, liv. VI, chap. x. — Un premier principe général s’applique a tous les gouvernements ztoujours la portion de la cité qui veut le maintien des institutions doit etre plus forte que celle qui en veut le renversement... · Partout ou la multitude des pauvres a la supériorité, la démocratie s’éta— blit naturellement avec toutes ses combinaisons diverses... Partout ou la classe riche et distinguée l’emporte plus en qualité qu’elle ne le cede en nombre, l‘oligarchie se constitue de la meme maniére avec toutes ses nuances... Mais le législateur ne doit jamais avoir en vue que ia moyenne propriété. S’il fait des lois oligarchiques, c’est a elle qu‘il doit penser; s’il fait des lois démocratiques c’est encore elle qu’i1 doit ranger a ces lois... La consti- tution n’est solide que la ou la classe moyenne l’emporte en nombre sur les deux classes extremes ou du moins sur chacune d’elles.

 L’arbitre est la classe intermédiaire. '
 L’ambition des riches a ruiné plus d’Etats que l`ambition des pauvres.

Presque tous les législateurs, meme de ceux qui ont voulu fonder des gouvernements aristocratiques, ont commis des erreurs a peu pres égales; d`abord,en accordant trop aux riches, puis en trompant les classes infé- rieures. (2) R. li'mile,1iv.IV. -— Il y a dans l’état de nature une égalité de fait réelle et indestructible, parce qu‘il est impossible dans cet état que la seule difference d’homme a homme soit assez grande pour rendre l’un dependant de l’autre. Il y a dans l’état civil une égalité de droit chimérique et vaine, parce que les moyens destinés a la maintenir servent eux-memes a la détruire, et que la force publique ajoutée au plus fort pour opprimer le faible rompt l’espece d’équilibre que la nature avait mis entre eux. De cette l r ° l l l 1 J