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Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/149

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gz DU CONTRAT SOCIAL. qui l’a trouvée doit s"y tenir : mais si l`ordre établi est mauvais, pourquoi prendrait-on pour fondamentales des lois qui l’empéchent d’étre bon? D’ailleurs, en tout état de cause, un peuple est toujours le maitre de changer ses lois, méme les meilleures; car, s’il lui plait de se faire mal A lui- méme, qui est-ce qui a droit de l’en empécher? La seconde relation est celle des membres entre eux, ' ou avec le corps entier; et ce rapport doit étre au premier égard aussi petit, et au second aussi grand qu’il est pos- sible; en sorte que chaque citoyen soit dans une parfaite indépendance de tous les autres, et dans une excessive dépendance de la cité: ce qui se fait toujours par les mémes moyens; car il n’y a que la force de l’Etat qui fasse la liberté de ses membres. C’est de ce deuxiéme rapport que _ naissent les lois civiles. _ On peut considérer une troisiéme sorte de relation entre l’homme et la loi, savoir, celle de la désobéissance A la peine; et celle-ci donne lieu A Pétablissement des lois cri- minelles, qui, dans le fond, sont moins une espece parti- culiére de lois que la sanction de toutes les autres. A ces trois sortes de lois il s`en joint une quatriéme, la plus importante de toutes, qui ne se grave ni sur le marbre, ni sur l’airain, mais dans les ccxaurs des citoyens; qui fait la véritable constitution de l’Etat; qui prend tous les jours de nouvelles forces; qui, lorsque les autres lois vieillissent ou s’éteignent, les ranime ou les supplée, con- serve un peuple dans l’esprit de son institution, et sub- stitue insensiblement la force de l’habitude A celle de l`au- torité. Je parle des mceurs, des coutumes, et surtout de l’opinion (r) ; partie inconnue A nos politiques, mais dc laquelle dépend le succés de toutes les autres; partie dont (1) Purrox, Des lois, liv. III, ch. xn. - Si l’on travaille A rendre un Etat durable et parfait autant qu’il est permis A Vhumanité, il est indispensable d’y faire une juste distribution de l‘estime et du mépris. Or, cette distri- bution sera iuste si on met, A la premiere place et A la plus honorable, les bonnes qualités de l’me lorsqu'elles sont accompagnées de la tempérance; l