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Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/163

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06 » DU CONTRAT SOCIAL.

· Le souverain péut, en premier lieu, commettre le dépst du gouvernement a tout le peuple ou it la plus grande partie du peuple, en sorte qu’il y ait plus de citoyens ma- gistrats que de citoyens simples particuliers. On donne 5. cette fOI`II1€ (IC gOUV€I`II€I1'1€IlI le HOIT1 (IC démOC1°dl°i8. Ou bI€1’l PCUI I`€SSCI`I`CI` le gOUV€I`I]€I'I'1€I1I CHIFC les IT1&II'IS d’un petit nombre, en sorte qu’il y ait plus de simples ci- EOYCIIS QUE de I1'18gISII`8IS; et cette f0I`1’II€ POYIC le HOII1 d’aristocratz'e. Enfin il peut concentrer tout le gouvernement dans les mains d’un magistrat unique dont tous les autres tiennent leur pouvoir. Cette troisieme forme est la plus com- ITIUIIC, et S’&pP€IIC 17107ld1°Ch1·€, OU gOUV€I`I'lCI1'1CD[ I`Oy3I. On doit remarquer que toutes ces formes, ou du moins que la corruption des bonnes institutions, elles tiennent de fort pres au pou- voir du maitre sur l’esclave, tandis que, an contraire, la cité n’est qu’une association d’hommes libres. Antsrorz, Politique, liv. VIII, chap. x. — Tous les systemes politiques, quelque divers qu’ils soient, reconnaissent des états et une égalité propor- tionnelle entre les citoyens, mais tous s’en écartent dans Papplication. La démagogie est née presque touiours de ce qu’on a prétendu rendre absolue et générale une égalité qui n’était réelle qu’a certains égards. Parce que tous sont également libres, ils ont cru qu’ils devaient l’étre d’une maniere abso- lue. L’oligarchie est née de ce qu’on a prétendu rendre absolue et générale une inégalité qui n’était réelle que dans quelques points, parce que tout en n’étant inégaux que par la fortune, ils ont suppose qu'ils devaient I’etre en tout et sans limite. Les uns, forts de cette égalité, ont voulu que le pouvoir politique, dans toutes ses attributions, fut également réparti; les autres, appuyés sur cette inégalité, n’ont pensé qu':} accroitre leurs privileges, car les augmenter, c'était augmenter l‘inégalité. Tous ces systemes, bien que iustes au fond, sont donc tous radicalement faux dans la pratique. Macmavzt., Discours sur Tite-Live, liv. I, chap. tt. — D’autres auteurs, plus sages, selon l’opinion dc bien des gens, comptent six especes de gou- vernements dont trois tres mauvais et trois qui sont bons eux-mémes, mais si sujets e se corrompre qu°i1s deviennent tout A fait mauvais. Les trois bons sont ceux que nous venous de nommer : le monarchique, Faristoera- tique, le démocratique. Les trois mauvais ne sont que des dépendances et des dépravations des trois autres et chacun d`eux ressemble tellement a celui auquel il correspond, qu‘on passe facilement de l°un a 1’autre. Ainsi la monarchic devient tyrannie; l`aristocratie dégénere en oligarchie, et Ie gou- verncment populaire sc résout'en une licencieuse ochlocratie. En sortc qu’un Iégislateur qui donne it I`Etat qu'il fonde un de ces trois gouvernements le constitue pour peu de temps, car nulle préeaution ne peut empecher que