Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/168

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LIVRE III. -· CHAP. IV. tu qui rend ce gouvernement insufiisant A certains égards, parce que les choses qui doivent étre distinguées ne le sont pas, et que le prince et le S0uVel`aII'l, ¤°ét&11'lt que la meme personne, He fO1`meI1t, p0u1` ainsi dire, qu°uI1 g0uVe1`I1e-· ment Sams g0uVeI'I1eme¤t. I1 n’est pas bon que celui qui fait les lois les exécute(1), ni que le corps du peuple détourne son attention des vues générales pour la (2) donner aux objets particuliers (3). Rien (1) Amsrorz, Politique, liv. VI, chap. xv. — La premiere espece de dé- _) mocratie est caractérisée par l’égalité et l'égalité fondée par la loi dans cette ` démocratie signifie que les pauvres n’auront pas de droits plus étendus que les riches, que ni les uns ni les autres ne seront exclusivement souverains, ‘ mais qu’ils le seront dans une proportion pareille. Si donc la liberté et l’éga- lité sont, comme parfois on l’assure, les deux bases fondamentales de la démocratie, plus cette égalité des droits politiques sera complete, plus la » démocratie existera dans toute sa pureté; car le peuple y étant le plus nom- i breux et l’avis de la maiorité y faisant loi, cette constitution est nécessaire- l ment une démocratie. ) Dans une troisieme espece de démocratie, tous les citoyens dont le titre n’est pas contesté arrivent aux magistratures, mais la loi régne souverai- nement... i Une cinquiéme espéce transporte la souveraineté A la multitude qui remplace la loi. C’est qu’alors ce sont les décrets populaires et non plus la loi qui décident. Ceci se fait grace A l’intluence des démagogues". Le peuple est alors un vrai monarque, unique, mais composé par la majorité qui regne, non point individuellement mais en corps... Cette démocratie est dans son genre ce que la tyrannie est A la royauté. On peut lui reprocher de n’etre plus réellement une constitution. Il n’y a de constitution qu’A la condition de la souveraineté des lois. Il faut que la loi décide des alfaires générales comme le magistrat décide des atfaires par- ticulieres dans les formes prescrites par l‘a constitution. 'Si done la démo- cratie est une des espéccs principales de gouvetnement, l’Etat, ou tout se fait A coups de décrets populaires, n’est pas meme A vrai dire une démocratie puisque les décrets ne peuvent jamais statuerd’une maniére générale. (2) Il y ales dans l’édition originale, mais c'est évidcmment un lapsus de l’auteur ou une faute d’impression. (3) R. Polysynodie. — Considérons maintenant la droite fin du gou- • vernement et les obstacles qui l’en éloignent. Cette lin est sans contredit le plus grand intéret de 1‘Etat et du roi; les obstacles sont, outre le défaut l de lumieres, l’intéret particulier des administrateurs. D’oi1 il suit que plus ces intéréts particuliers trouvent de gene et d’opposition, moins ils balan- cent l’intérét public, de sorte que s’ils pouvaient se heurter et se détruire mutuellement, quelque vifs qu’on les supposat, ils deviendraient nuls dans . la deliberation etl’intérét public serait seul écouté. Quel moyen plus stir peut·on avoir d’anéantir tous ces intéréts particuliers que de les opposer entre eux par la multiplication des opinions. Ce qui fait les intérets parti- l I I