Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/167

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no DU CONTRA'I`_ SOCIAL. CHAPITRE 1V nr; LA DDMOCRATIE (1) Celui qui fait la loi sait mieux que personne comment elle doit étre exécutée et interprétée. Il semble donc qu’on ne saurait avoir une meilleure constitution que celle ou le pouvoir exécutif est joint au législatif : mais c’est cela meme lieu vient Poligarchie dont la distance it l’aristocratie est si grande. Entin la. démagogie est le plus supportable des mauvais gouvernements. Houses, De Cive (au lecteur). — Licet enim monarchiam cmteris civitatis speciebus capite dccimo commodiorcm esse argumentis aliquot suadere co- natus sim (quam rem unam in hoc libro non demonstratam, sed probabiliter positam esse coniiteor), omni tamcn civitati potestatem summam et aqua- lem tribuendam esse passim et eitpresse dixi. Bossusr, Politique tirée de l’Ecriture sainte, liv. II, art. x. XII• Propo- sition. — Il n’y a aucune forme de gouvernement ni aucun établissement humain qui n‘ait ses inconvénients; de sorte qu’il faut demeurer dans l’l€itat auquel on a longtemps accoutumé le peuple. C’est pourquoi Dieu , prend en sa protection tous les gouvernements légitimes, en quelque forme qu’ils soient établis. Qui entreprend de les renverser n’est pas seulement ennemi public, mais encore ennemi de Dieu. - Conclusion. — Chaque peuple doit suivre, comme un ordre divin, le gouvemement établi dans son pays, parce que Dieu est un Dieu de paix, et qui vcut la tranquillité des choses humaines. Monrzsquizu, Esprit des Lois, liv. I, ch. m. - Le gouvernement le plus conforme it la nature est celui dont la disposition particuliére se rapporte mieux a la disposition du peuple pour lequel il est établi. (t) R. 8• Lettre de Ia Montagne. — La constitution démocratique a jus- qu’a present été mal examinée. Tous ceux qui en ont parlé, ou ne la con- naissaient pas, ou y prenaient trop peu d’intéret, ou avaient intérét de la présenter sous un faux jour. Aucun d’eux n’a suffisamment distingué le souverain du gouvernement, la puissance législative de l’exécutive. Il n’y a point d’Etat ou ces deux pouvoirs soient si séparés, et ou l’on ait tant affecté de les confondre. Les uns s’imaginent qu’une démocratie est un gouverne- ment ou tout le peuple est magistrat et juge; d’autres ne voient la liberté que dans le droit d’élire ses chefs, et, n’étant soumis qu’a des princes, croient que celui qui commande est toujours le souvcrain. La constitution démocratique est certainement le chef-d'o:uvre de l’art politique : mais plus l’artilice en est admirable, moins il appartient a tous les yeux de le pénétrer. R. Lettre A. d’1vernois (Wootton, 31 janvier x767). - Votre inépuisable crédulité ne me fache plus, mais elle m’étonne toujours et d’autant plus en cette occasion que vous avez pu voir dans nos conversations que je ne suis pas visionnaire et dans le Contrat social que je n’ai jamais approuvé le gouvernement démocratique. _