Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/171

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1:4 DU CONTRAT SOCIAL. D’ailleurs, que de choses difiiciles A reunir ne suppose pas CC gouvernement! Pl'CmléI‘€II1€I1t, UD Etat tres petit (I), ou le peuple soit facile A rassembler, et ou chaque citoyen puisse 3lSéII1€1'lt COI'lDaItI`€ IOUS ICS 3.UtI'€S; S€C0¤d€m€I1t, une grande simplicité de moeurs (2) qui prévienne la multi- de choix étonnants que firent les Atheniens et les Romains, cc qu'on n’attri- buera pas sans doute au hasard. (1) R. Projet dc constitution pour la Corse. — Un gouvernement pure- ment democratique convient A une petite ville plutot qu’A une nation. On I ne saurait assembler tout le peuple d’un pays comme celui d’une cite, et quand l'autorite supreme est confiee A des deputes, le gouvernement change et devient aristocratique". Anisrorz, De la Politique, liv. VIII, chap. 11. — L’accroissement dispro- portionne de quelques classes de la cite cause aussi des bouleversements politiques... par exemple la classe des pauvres dans les democraties et les republiques. La position topographique suffit quelquefois A elle seule pour provoquer une revolution; par exemple quand la distribution meme du sol empeche que la ville n’ait une veritable unite... Motrrzsquxzu, Esprit des Lois, liv. IV, chap. vn. —-Ces sortes d’institution (de Sparte) ne peuvent avoir lieu que dans un petit Etat ou l'on peut donner une education generale et élever tout un peuple comme une famille. Les lois de Minos, de Lycurgue, de Platon, supposent une attention sin- guliere de tous les citoyens les uns sur les autres. On ne peut se promettre cela dans la confusion, dans les negligences, dans l’étendue des affaires d’un grand peuple. Id.,Esprit des Lois, liv. VIII, chap. xvi. — Il est de la nature d’une repu- blique qu’elle n’ait qu’un petit territoire, sans cela elle ne peut guere sub- sister. (2) R. Projet de constitution pour Ia Corse.— Les paysans sont attaches A leur sol beaucoup plus que les citadins A leur cite. L‘egalite, la simplicite de la vie rustique a, pour ceux qui n’en connaissent pas d‘autre, un attrait qui ne leur fait pas désirerde changer. De IA le contentement de son etat qui rend l’homme paisible, de IA l'amour de la patrie qui l’attache A sa constitution. Anrsrorz, Politique, liv. VII, chap. 11. — La classe la plus propre au sys- teme démocratique est celle des laboureurs : aussi la democratic s’etablit sans peine partout ou la maiorite vit de l’agriculture et de Péleve des trou- peaux. Comme elle n’est pas fort riche, elle travaille sans cessc et ne peut s'assembler que rarement, et, comme elle ne possede pas le necessaire, elle s'applique aux travaux qui la nourrissent et n’envie pas d‘autres biens que ceux-IA. D’oii vient la perfection de la democratic? des mceurs memes du peuple qu’elle regit. Apres le peuple agriculteur, ie peuple le plus propre A la democratic, c’est le peuple pasteur et vivant de ses troupeaux. Ce genre d’existence se rap- procbe beaucoup de l’existence agricole et les peuples pasteurs sont merveil- leusement prepares aux travaux de la guerre, d’un temperament robuste et