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Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/172

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LIVRE III. — CHAP. IV. tt5 i tude d’aii`aires et les discussions épineuses ; ensuite, beaucoup d’égalité dans les rangs et dans les fortunes (1), sans quoi l’égalité ne saurait subsister longtemps dans les droits et capables de soutenir la fatigue du bivouac; quant a cette forme derniere de la démagogie, ou l’universalité des citoyens prend part au gouvernement, tout Etat n’est pas iait pour la supporter et l’existence en est fort précaire, A moins que les mozurs et les lois ne s’accordent a la maintenir. Macmltvsr., Discours sur Tite-Live, liv. I, chap. 11.- Aussi suis-ie bien convaincu que quiconque voudrait fonder une république réussirait infi- niment mieux avec des montagnards encore peu civilisés qu’avec les habi- tants des villes corrompues. Un sculpteur tire plus facilement une statue d’un bloc informe que de l’ébauche vicieuse d’un mauvais artiste... (1) R. Lettredd’Alembert.— Dans une monarchic ou tous les ordres sont intermédiaires entre le prince et le peuple, il peut etre assez indifferent que certains hommcs passent de l’un a l‘autre; car, comme d’autres les rempla- cent, ce changement n°interrompt point la progression. Mais dans une dé- mocratie 0`1 les sujets net le souverain ne sont que les memes hommcs considérés sous ditlérents rapports, sitot que le plus petit nombre l’emporte en richesses sur le plus grand, il faut que l°Etat périsse ou change de forme. Soit que le riche devienne plus riche ou le pauvre plus indigent, la difference des fortunes n’en augmente pas moins d`une maniere que de l‘autre; et cette difference portée au dela de la mesure est ce qui détruit l’équilibre dont j’ai parlé. Jamais dans une monarchic l’opulence d’un particulier ne peut le mettre au-dessus du prince; mais dans une république, elle peut le mettre aisé- ment au-dessus des lois : alors le gouvernement n’a plus de force, et le riche est toujours le vrai souverain. R. Nouvelle Hélolse, partie V, lettre 2. — Les peuples bons et simples n’ont pas besoin de taut de talents; ils se maintiennent mieux par leur seule simplicité que les autres par toute leur industrie. R. Pnojet de constitution pour Ia Corse. — La démocratie ne connait d’autre noblesse, aprés la vertu, que la liberté, et l’arist0cratie ne connait de meme d’autre noblesse que l’autorité. Tout ce qui est étranger a la con- stitution doit etre soigneusement banni du corps politique. La noblesse suppose la servitude, et chaque serf que la loi souffre est un citoyen qu’elle 6te a 1‘Etat. Il faut qu’un laboureur ne soit par sa naissance inférieur é personne, qu’il ne voie au-dessus de lui que les lois et le magistrat et qu’il puisse devenir magistrat lui·méme, s’il en est digne par ses lumiéres et sa probité. Id.- Chez toute nation riche le gouvernement est faible, et i‘appelle éga- lement de ce nom celui qui n’agit qu’avec faiblesse, et, ce qui revient au meme, celui qui a besoin de moyens violents pour se maintenir... On me demandera si c‘est en labourant son champ qu‘on acquiert les talents nécessaires pour gouverner. Je répondrai que oui; dans un gouver- nement simple et droit tel que le n6tre... le bon sens suffit pour mener un Etat bien constitué, et le bon sens se trouve autant dans le coeur que dans la tete ; les hommes que leurs passions n’aveuglent pas font toujours bien,. Puron, Des Lois, liv. V. — L’Etat, le gouvernement et les lois qu’il faut