Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/181

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I24 DU CONTRAT SOCIAL. de fortune, c’est bien pour qu’en général Padministration des affaires publiques soit confziée A ceux qui peuvent le mieux y dO¤¤CI‘ t0l1t l€l1I‘ temps, mais HOU pas, C0mmC prétend Aristote, pour que les riches soient toujours pré- férés (r). _ Au contraire, il importe qu’un choix opposé apprenne quelquefois au peuple qu’il y a dans le mérite `des hommes des raisons de préférence plus importantes que la richesse C H A PIT R E VI DE LA MONARCHIE Jusqu’ici nous avons considéré le prince comme une PCPSOIIIIC ITIOI'3lC et collective, UIIIC P3? la f0l`CC des lois, (r) Aniston, Politiquc, liv. VI, chap. vt. - On a coutume de donner le nom de république aux gouvernements qui inclinent A la démocratie et celui d’aristocratie A ceux qui inclinent A Poligarchie, c’est que, plus ordi- nairement, les lumiéres et la noblcsse sont le partage des riches. Mais il faut remarquer que de bonnes Iois ne constituent pas A elles seules un bon gouvernement et qu’il importe surtout que ces bonnes lois soient observées. I1 n'y a de bon gouvernement d’abord que celui ou l°on obéit A la Ioi, par conséquent que celui ou la loi A laquelle on obéit est fondée sur la raison, car on pourrait aussi obéir A des lois déraisonnables. L’excelIence de la loi peut du reste s’entendre de deux facons : la loi est ou la meilleure possible, relativement aux circonstances, ou la meilleure pos- sible d’une maniére générale et absolue. Le principe essentiel de l’aristocratie paratt etre d’attribuer la prédomi- nance politique A la vertu,car1e caractere spécial de Paristocratie, c’est la vertu, comme la richesse est celui de l'oligarchie, et la liberté celui de la démocratie. (2) Amsrorz, Politique, liv. VI, ch. v. — On a bien raison d‘appe1er gouvernement des meilleurs le gouvernement dont nous avons nous-méme traité précédemment. Ce beau nom d’aristocratie ne s’applique vraiment avec route iustesse qu’A l’Etat composé de citoyens qui sont vertueux dans toute_l’étendue du mot et qui n’ont point seulement quelque vertu spéciale. Cet Etat est le seul oi: l’homme de bien et le bon citoyen se confondent dans une identité absolue. Partout ailleurs, on n’a de vertu que relativement A la constitution particuliere sous laquelle on vit... ll est bien encore quelques combinaisons politiques qui, différant de Poligarchie et de ce qu’on nomme république, recoivent le nom d’aristo;- cratie; ce sont les systemes ou les magistrats sont choisis d’aprés le mérite autant que d’aprés la richesse.