Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/186

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LIVRE lll. — CHAP. VI. ng monarchic n’est convenable qu’aux grands Etats ; et nous le trouverons encore en l’examinant en elle-meme. Plus l’administration publique est nombreuse, plus le rapport du prince aux sujets diminue et s’approche de l’égalité, en sorte que ce rapport est un ou l’égalité méme dans la dé- HIOCITRIIC. Ce meme I`3pp0I`I 3LlgII1CI1I€ it ITICSLIFC qlJ€ le g0�- VCFDCIIICHI SC I`CSSCI`I`C, et est d3I`1S SOI'1 mdximllm qllalld le gouvernement est dans les mains d’un seul. Alors il se trouveune trop grande distance entre le prince et le peuple, etl`Etat manque de liaison(1). Pour la former, il faut donc des ordres intermédiaires, il faut des princes, des grands, de la noblesse pour les remplir. Or, rien de tout cela ne convient a un petitEtat, que ruinent tous ces degrés (2). (1) Monrasourau, Esprit des Lois, liv. VIII, chap. xvu. — Un état monar- chique doit étre d’une grandeur médiocre. S’il était petit, il se formerait en république; s’il était fort étendu, les principaux de l’Etat, grands par eux- memes, n’étant point sous les yeux du prince, ayant leurs cours hors de sa cour, assurés d’ailleurs contre les exécutions promptes par les lois et les moeurs, pourraient cesser d’obéir; ils ne craindraient point une punition trop lente et trop éloignée... Les tleuves courent se meler dans la mer, les monarchies vont` se perdre · dans le despotisme... (2) Honaas, De Cive, chap.x. —-Entre les incommodités qu’il y a‘a souffrir du gouvernement d’un seul, celle-ci n’est pas une des dernieres que le roy, outre 1’argent qu’il exige nécessairement de ses suiets pour les dépenses publiques... peut, si bon lui semble, exiger d’eux d’autres sommes inconsi- dérément, dont il enrichit ses enfants, ses plus proches parents, ses favoris et meme ses Hatteurs. Il faut avouer que c’est la une chose tres facheuse, mais qui se rencontre en toute sorte de gouvernement et qui me semble plus supportable dans un royaume que dans un Etat populaire. Car, comme le roi est unique, le nombre de ceux qu`il veut enrichir ne peut point etre bien grand. La ou, dans un Etat populaire, autant qu`il y a de personnes puissantes, c’est-a-dire autant qu’il y a de harangueurs qui savent caioler le peuple, car le nombre n’en est iamais petit et il s’en éléve tous les jours qui s’exercent a ce métier, il y en a autant qui tachent d’avancer ct enrichir leurs enfants, leurs alliés, leurs amis et leurs datteurs; en eifet, chacun d’eux désire non seulement de bien établir sa famille en la rendant illustre et opulente, mais de se faire des creatures. Le roi peut contenter la plupart du temps ceux qu’il atfectionne et ceux qui le sei-vent, qui sont peu en nombre, par divers moyens qui ne nuisent point A la foule du peuple, comme en leur donnant des charges militaires ou des offices de iudicature. Mais en la démocratie, ou il faut rassasier quantité de nouveau: aifamés qui naissent tous les jours, il est bien difiicile qu’on s’en acquitte sans l’oppression du peuple... 9