Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/195

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138 DU CONTRAT SOCIAL. s‘il ne conviendrait pas mieux en chaire que dans un livre de politique (1). Que dire d’un médecin qui promet des mi- racles, et dont tout l’art est d’exhorter son malade a la pa- tience? On sait bien qu’il faut souffrir un mauvais gouver- nul de droit et il y a toujours ouverture ii revenir contre ou dans d'autres occasions ou dans d'autres temps... _ Monrasquiau, Esprit des Lois, liv. III, chap. v. — Dans les monarchies l’Etat subsiste indépendant de l'amour pour la patrie, du désir de la vraie gloire, du renoncement a soi-meme, du sacrifice de ses plus chers intérets et de toutes les vertus hérolques que nous trouvons dans les anciens ct dont nous avons seulement entendu parler. Les lois tiennent la place de toutes ces vertus dont on n’a aucun besoin... Je sais tres bien qu’il n’est pas rare qu’il y ait des princes vertueux, mais jc dis que dans une inonarchie il est tres difficile que le peuple le soit. Note. — Je parle ici de la vertu politique qui est la vertu morale dans le sens qu’elle sc dirige au bien général, fort peu des vertus morales parti- culieres, et point du tout de cette vertu, qui a rapport aux vérités révélées. (1) Bossusr, Politique tirée de I’Ecriture sainte, liv. IV, art. 1**. L’autorité royale est absolue. — Pour rendre ce terme odieux et insupportable plu- sieurs affectent de confondre et le gouvcrnement absolu et le gouverne- ment arbitraire. Mais il n‘y a rien de si distingué comme nous le ferons voir en parlant de la justice. II• Proposition. — ll faut obéir aux princes comme a la justice meme". Le prince se peut redresser lui-meme quand il connalt qu’il a mal fait, mais contre son autorité il ne peut y avoir de remede que dans son auto- rité. III• Proposition. —Au prince seul appartient le soin général du peuple, c’est la le premier article et le fondement de tous les autres; a lui les ou- vrages publics, ii lui les places et les armes, a lui les décrets et les ordon- nances, a lui les marques de distinction, nulle puissance que dépendante de la sienne, et nulle assemblée que par son autorité. C`est ainsi que pour le bien d‘un Etat, on en réunit en tout la force, et mettre la force hors de la, c’est diviser l’Etat, c’est ruiner la paix publique, c’est former deux maitres, contre cet oracle de Vévangile : it Nul ne peut servir deux maltres. » Le prince est, par sa charge, le pere du peuple, il est par sa grandeur au-dessus des petits intérets; bien plus, toute sa grandeur et son intéret naturel, c’est que le peuple soit conservé; parce qu’enfin le peuple man- quant, il n’est plus prince. Il n’y a donc rien de mieux que de laisser tout le pouvoir de Pliltat a celui qui a le plus d’intéret a la conservation et a la grandeur de l’Etat meme. I V• Proposition. — Les rois sont soumis comme les autres a l’équité des lois et parce qu’ils doivent étre justes et parce qu`ils doivent au peuple l’exemple de garder la justice, mais ils ne sont pas soumis aux peines des lois, ou, comme parle la théologic, ils sont soumis aux lois non quant a la puissance coactive mais quant in la puissance directive. Id., liv. VI, art. 1•’. I V• Proposition. — Ainsi un bon sujet aime son prince comme le bien public, comme le salut de tout l'Etat, comme l‘air