Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/194

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n’en sont point embarrassés. Le remede est, disent-ils, d’obéir sans murmure; Dieu donne les mauvais rois dans sa colére, et il faut les supporter comme des chétiments du ·ciel. Ce discours est édiiiant, sans doute; mais je ne sais

qui fait commettre les grands crimes. On n’usurpe pas Ia tyrannie pour se garantir dc l’intempérie de l’air...

Id., liv. VIII, chap. vm. — Eu fait d’ambition, le tyran songe surtout A l’argent, le roi a I’honneur.

Bo¤m,République, liv. VI, chap. vr.—Si l‘état royal est gouverné et conduit royalement, c’est-a-dire harmoniquement, on peut assurer que c’est Ie plus beau et le plus parfait de tous. Je ne parle point de la monarchie seigneuriale, quand le monarque tient, comme seigneur naturel, tous les sujets comme esclaves et dispose de leur bien comme lui appartenant, ct . moins encore de la monarchic tyrannique, quand le monarque n‘étant pas seigneur naturel abuse de ses suiets et de leur bien a plaisir, comme s’ils étaient esclaves, et pis encore quand il les fait servir a ses cruautés; mais ie parle du roi légitime, soit qu’il vienne par élection, soit en succession, ou que de son propre mouvement il se fasse roi volontairement, traitant ses sujets et leur distribuant justice comme un pére fait a ses enfants.

Spinoza, Tractatus politicus. — Concludimus itaquc multitudinem satis amplam libertatem sub rege servare posse modo efficiat ut regis potentia sola ipsius multitudinis potentia determinatur et ipsius multitudinis praesidio servetur. Atque haec unica fuit regula quam in jaciendis monarchiaz fundamentis sequutus sum.

Bossuet, Politique tirée de l’Ecriture sainte, liv. VIII, art. 2.I*• Proposition. Dufgouvernement que l’on nomme arbitmire. — Quatre conditions accompagnent ces sortes de gouvernement. Premiérement les peuples sujets sont nés esclaves, c’est—a-dire vraiment serfs et parmi eux il n’y a point de personnes libres.

Secondement, on n'y posséde rien en propriété, tout le fonds appartient au prince et il n’y a point de droit de succession, pas meme de fils a pere.

Troisiemement, le prince a le droit de disposer a son gré non seulement des biens, mais encore de la vie de ses sujets comme on ferait des esclaves.

Et, en effet, en quatrieme lieu, il n‘y a de loi que sa volonté.

Voila ce qu’on appelle puissance arbitraire, Je ne veux pas examiner si elle est licite ou illicite. Il y a des peuples et des grands empires qui s’en contentent, et nous n’avons point a les inquiéter sur la forme de leur gouvernement. Il nous sufiit de dire que celle-ci est barbare et odieuse. Ces quatre conditions sont tres éloignées de nos mozurs et ainsi le gouvernement arbitraire n’y a point de lieu.

C‘est autre chose que le gouvernement soit arbitraire, autre chose qu’il soit absolu. Il est absolu par rapport a la contrainte, n’y ayant aucune puissance capable de forcer le souverain qui en ce sens est indépendant de toute autorité humaine. Mais il ne s’ensuit pas de la que le gouvernement soit arbitraire parce que, outre que tout est soumis au jugement de Dieu, ce qui convient aussi au gouvernement qu’on vient de nommer arbitraire, c’est qu’il y a des lois dans les empires contre lesquelles tout ce qui se fait est